Emma Bonino, dite "Le Cyclone". Entretien
Emma Bonino, à l'époque Commissaire européenne à l'action humanitaire, m'a reçue à Bruxelles en mai 1998. Lors de notre entretien, elle a dénoncé sans détours ces famines qu'on ne connaît pas, ces guerres qu'on n'empêche pas, et l'impuissance des puissants. Publié par Tessa Ivascu, DS Magazine, juin 1998.Alors que l'Europe des Quinze continue de jouer à cache-cache de sommet en sommet (Noordwijk en mai, Amsterdam en juin...), s'exprime d'une voix bredouillante sur son avenir politique et sur l'arbitrage des crises internationales, Emma Bonino, elle, hausse le ton :
« Il ne faut pas prendre les gens pour des crétins ! Ni pour des aveugles. On a beau escamoter des milliers de réfugies, des famines, des guerres civiles qui risquent de dévaster des continents entiers, plus personne n'est dupe de la rupture entre le ronron des transactions politiques et l'action quotidienne de ceux qui sauvent des vies, tirent le signal d'alarme sur des tragédies imminentes, ou exigent simplement de vivre les yeux ouverts, c'est-à -dire dans la dignité. »Ennemie déclarée de la langue de bois, partisane de la désobéissance civile - elle cite souvent Thoreau et Gandhi -, préférant la rue ou les camps à son luxueux fauteuil de haut fonctionnaire, Emma Bonino, « Le Cyclone », comme la surnomment ses collaborateurs, combat sur tous les fronts et prend tous les risques. Elle se fait arrêter par la police en distribuant des seringues dans les rues de New York, essuie des coups de feu en Somalie, force la main de Castro pour qu'il libère des prisonniers politiques, participe au chagrin des veuves de Srebrenica, rencontre longuement Aung San Sun Ki et le Dalaï Lama, au grand dam des gouvernements des Quinze...
Aujourd'hui, Emma Bonino est plus décidée que jamais à secouer l'inertie des eurocrates et le sentiment d'impunité des « hommes forts » de par le monde sur les urgences humanitaires.
Ceci est un extrait. Visualisez l'intégralité de l'entretien avec Emma Bonino ICI.